Transilien SNCF publie régulièrement les indicateurs de ponctualité qui entraînent souvent discussions et incompréhensions.

Nous prenons donc le temps de vous présenter ici ce qu'est la notion de ponctualité et la manière dont elle se calcule. Soulignons en préambule qu'il s'agit d'un indicateur essentiel car le plus utilisé pour l'appréhension de la qualité de service d'une ligne.

Régularité ou ponctualité : ce n'est pas la même chose ‽

La régularité, qu'est-ce que c'est ?

Cette notion était utilisée jusqu'en 2011. C'est le pourcentage des trains qui arrivent à leur terminus commercial à l’heure ou avec un retard de moins de 5 minutes
La régularité ne s’attache qu’aux trains. Elle n’a qu’un rapport lointain avec la perception de la majorité des voyageurs.
Prenons un exemple de train LOPE, entre Corbeil et Orry via Paris. La régularité s’attache alors au retard du train à son arrivée à Orry. Les voyageurs montent dans ce train, au sud de Paris. Ils en descendent, pour la majorité, à Juvisy, ou l’une des 3 gares parisiennes, ou encore à Stade de France. C’est donc le retard à l'arrivée dans ces gares qui intéressent ces voyageurs du sud de la ligne. L'arrivée à Orry leur importe peu puisque ce n'est pas leur destination finale ! Soulignons que c'est votre participation au D-Collector qui a permis de faire évoluer cet indicateur, finalement, peu représentatif.

C’est pourquoi, il y a quelques années, la SNCF a formalisé le concept de ponctualité.

La ponctualité, qu'est-ce que c'est ?

Notion utilisée depuis 2011 et toujours en vigueur aujourd'hui.
L'idée principale est de prendre en compte, le plus précisément possible, les retards de tous les voyageurs. On considère alors tous les trajets entre deux gares. Pour cela, une répartition théorique des usagers est faite par train et par trajet, pour tous les jours de la semaine et du weekend. Cette répartition s'appuie sur :

  • le comptage précis du nombre de personnes qui montent par gare et par train. Il est réalisé environ une fois tous les 5 ans. Un extrait des données est disponible en opendata,
  • les validations par gare, dont un extrait est également disponible en opendata,
  • les compteurs automatiques de voyageurs, dont certains trains sont équipés.

Cela permet d'obtenir une répartition des voyageurs pour l'ensemble des trains, jour par jour.

Là encore, prenons un exemple pour un train de 4 arrêts :

Ce graphique se lit ainsi : 20 usagers prennent le train partant de Villeneuve-Saint-Georges à 17h00 et sortent à Créteil-Pompadour à 17h10. Pour simplifier, on considère que les horaires d'arrivée et de départ à une gare sont identiques.

À partir de cette répartition théorique, on regarde la circulation réelle des trains. Pour nos 20 voyageurs, il est considéré qu'ils prennent le premier train passant à Villeneuve-Saint-Georges et desservant la gare de Créteil-Pompadour à partir de 17h00. Puis, on regarde à quelle heure ce train est arrivé à destination.

Deux cas de figure se présentent alors :

  • si le train est arrivé avec un retard inférieur à 5 minutes (donc au plus tard à 17h14 et 59 secondes), les voyageurs sont comptés à l’heure;
  • si le train est arrivé à cette gare avec un retard supérieur à 5 minutes, les voyageurs sont comptés en retard.

Prenons maintenant un exemple réaliste, et considérons ces horaires de circulation :


Dans cet exemple, le train arrive à Villeneuve-Triage avec 3 minutes de retard. Les 10 usagers en provenance de Villeneuve-Saint-Georges seront considérés comme à l'heure. À Créteil-Pompadour, ce train accuse maintenant un retard de 7 minutes. C'est plus que la limite des 5 minutes. Les 10 usagers en provenance de Villeneuve Triage, ainsi que les 20 usagers venant de Villeneuve sont alors considérés en retard. Au total, sur les 100 passagers de ce train, seuls 10 sont considérés à l'heure, le taux de ponctualité correspondant à ce train est donc de 10%.

Le même principe est appliqué pour l'ensemble des trains en circulation, et pour l'ensemble des trajets possibles entre les gares desservies. Réalisé sur l'ensemble du mois, ce calcul permet d'obtenir la ponctualité mensuelle : chiffre que publié régulièrement par la SNCF.

A souligner : la répartition des usagers est théorique. On considère qu'ils prennent toujours le premier train réalisant le trajet. Lors des situations perturbées, quand de nombreux trains sont en retard, il peut néanmoins y avoir des usagers à l'heure.

Prenons un autre exemple.

Imaginons que notre train de 17h se trouve avec 10 minutes de retard. Le train de 17h03 passe alors devant lui et devient le premier à desservir Villeneuve.


Dans notre exemple, les 60 usagers qui partent de Villeneuve habituellement avec le train de 17h sont considérés comme montés dans le train de 17h03, et non dans celui de 17h. Ainsi, à Villeneuve Triage, le train arrivant à 17h09, les usagers ont 4 minutes de retard par rapport à leur trajet habituel. Ils sont considérés comme à l'heure. En revanche, à Créteil Pompadour, même si le train n'a que 4 minutes de retard, les usagers sont arrivés à 17h17 au lieu de 17h10, ils ont donc 7 minutes de retard, les 30 usagers sont alors considérés en retard. Il en sera de même au Vert de Maisons.

Possiblement, les usagers qui empruntent un train précédent en retard peuvent arriver à l'heure ou dans l'intervalle de 5 minutes à leur gare de destination.

La plupart des gares sont desservies à peu près toutes les 5 minutes aux heures de pointe. Pour peu que cet intervalle entre les trains soit approximativement respecté, entre Villeneuve et Villiers-le Bel, la ponctualité se retrouve finalement avec de très bonnes valeurs. Il faut quasiment une interruption des circulations pour que la ponctualité sur le tronçon central soit fortement dégradée.

A noter : la capacité totale d'un train n'est pas prise en compte dans la réalité des scénarios

  • admettons qu'un train en provenance de Corbeil soit terminus à Villeneuve à cause d'un problème technique. Le train suivant, quasiment plein, arrive 2 min derrière en provenance de Melun. Les personnes qui l'attendent sur le quai ne pourront pas toutes monter, mais toutes arriveront quand même à l'heure à Paris au sens du calcul de la ponctualité.
  • le fait qu'un train soit court, au lieu de long, en pleine heure de pointe n'empêche pas tous les voyageurs d'arriver éventuellement à l'heure, même si un certain nombre d'entre eux n'ont pas réussi, en réalité, à monter dans certaines gares. C'est pour cela qu'un autre indicateur de qualité de service, relatif aux compositions non conformes, existe. Celui-ci repère les trains ne proposant pas le nombre de places prévu au contrat.

Si tous les trains circulaient avec systématiquement 15 min de retard pendant toute la journée, ce qui peut arriver, une ponctualité supérieure à 80 %, elle, ne serait pas impossible. Beaucoup de voyageurs emprunteraient en effet le train du quart d'heure précédent, peut-être même sans s'en rendre compte…

Est-ce que les trains supprimés comptent ?

Oui, et non. Enfin, ça dépend :) Il y a deux types de trains supprimés à distinguer :

  • La suppression prévue : par exemple, lors de travaux. Des trains sont retirés et remplacés par des bus. Ces trains ne sont alors pas pris en compte dans le calcul de la ponctualité car la répartition théorique des usagers dans les trains d'une journée se fait par rapport aux trains prévus la veille à 17h.
    Attention, il suffit qu'un train n'apparaisse pas dans l'horaire publié la veille à 17 heures sur transilien.com ou sur l'application SNCF pour ne pas être pris en compte. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait une affiche travaux ou plus généralement une information annonçant explicitement sa suppression.
  • Quand il s'agit d'une suppression imprévue, par exemple un train tombe en panne et est supprimé, il est alors comptabilisé. Les usagers sont considérés comme ayant pris le train suivant, comme dans l'exemple précédent. Ainsi, l'heure réelle d'arrivée du train dans une gare sera comparée avec l'heure théorique d'arrivée du train supprimé. En fonction, les usagers seront considérés à l'heure ou en retard.
    Au delà du calcul de la ponctualité, tout train supprimé va entraîner l'application d'une pénalité financière à SNCF, il s'agit de la réfaction de charge. En effet, Île-de-France Mobilités paye la SNCF pour faire rouler un certain nombre de trains avec une desserte et des horaires définis. Quand une prestation n'est pas réalisée, alors Île-de-France Mobilités ne paiera pas pour le train qui n'a pas roulé, et la SNCF devra alors rembourser ce qu'elle a touché pour cette circulation.

Note : Lors d'une grève, une fiche horaire particulière est publiée la veille à 17h. Dans ce cas, la ponctualité est calculée par rapport à ces horaires réduits, et non par rapport à un jour normal. Généralement, ces jours là seront neutralisés, ils ne compteront pas dans la ponctualité du mois, mais de la réfaction de charge sera appliquée, ainsi que d'autres mécanismes propres aux grèves.

Que se passe-t-il en cas d'arrêt manqué ?

Il arrive que parfois, un train ne marque pas l'arrêt dans une gare, en cas de colis suspect par exemple. Le calcul de la ponctualité utilise toujours le premier train passant dans une gare, celui qui permet de réaliser le trajet direct entre les deux gares considérés. L'arrêt "sauté" implique un report des usagers concernés dans le train suivant. Par exemple, dans cette situation :

La gare de Créteil Pompadour n'est pas desservie par le 1er train, les 20 usagers venant de Villeneuve SG, les 10 venant de Villeneuve Triage, mais également les 20 usagers partant de Créteil pour rejoindre Le Vert de Maisons n'auront pas d'autre choix que d'emprunter le train suivant, et ces 50 usagers seront alors considérés comme étant en retard. Le train n'aura alors qu'une ponctualité de 50%.

Comment est prise en compte la correspondance ?

Depuis décembre 2018, une correspondance est imposée entre les trains de l'Étoile de Corbeil (Juvisy - Corbeil - Malesherbes / Melun) et les trains desservant le reste de la ligne. Le calcul de la ponctualité se fait alors sur deux trajets différents. Cependant, puisqu'il repose sur une répartition théorique des usagers, cet indicateur ne permet pas de prendre en compte la spécificité d'une correspondance. Si le train venant de Paris est en retard, il ne permet pas de prendre le train en correspondance dans la réalité, alors que les usagers seront considérés comme à l'heure dans le calcul de la ponctualité.

C'est pourquoi, notamment suite à notre action, un autre indicateur financier spécifique a été mis en place. Il permet maintenant de vérifier que la correspondance est physiquement possible pour les usagers. Ce dernier n'existe plus depuis la mise en place du contrat 2020-2024.

Comment sont répartis les voyageurs par axe ?

Afin de donner une vision plus précise de la ponctualité, les lignes Transilien ont été décomposées en axes, en séparant en particulier le tronc commun et les diverses branches. La ligne D est ainsi découpée en 7 axes pour ce calcul de ponctualité.

Chaque gare est affectée à un axe unique. Si un voyageur voyage entre deux gares du même axe, son trajet est affecté à cet axe pour le calcul de la ponctualité. Si un usager voyage entre 2 gares d'axes différents, son trajet est affecté à l'axe où se trouve la gare (départ ou arrivée) la plus éloignée de Paris. Par exemple, un usager qui fait Goussainville - Châtelet-Les Halles le matin et Châtelet-Les Halles - Goussainville le soir verra ses deux trajets affectés à l'axe Creil - Goussainville.

Qui contrôle les données ?

Les données de ponctualité sont calculées par la SNCF. L'autorité organisatrice, Île-de-France Mobilités, n'a pas accès aux données brutes qui permettent de calculer ces indicateurs. Néanmoins, elle missionne une société externe pour auditer régulièrement la qualité de ces données et réduire ainsi les risques d'irrégularité.

Quelles sont les implications financières ?

La ponctualité, par ligne ou par axe, fait partie des indicateurs de qualité de service donnant droit à bonus-malus.

Le contrat SNCF - Île-de-France Mobilités prévoit pour chaque ligne et pour chaque axe 3 valeurs de ponctualité

  • la première: la borne supérieure, en-dessus de laquelle la valeur maximale du bonus est versée par Ile-de-France Mobilités à la SNCF
  • la deuxième : la valeur pivot, au niveau de laquelle il n'y a ni bonus, ni malus
  • la troisième : la borne inférieur, en-dessous de laquelle la valeur maximale du malus est due par la SNCF

Soulignons que ces dernières années, irrégularité ou pas, les résultats du RER D et d'un certain nombre d'autres lignes sont tellement médiocres que le malus maximal est systématiquement appliqué.